La plus importante mission économique belge à ce jour part en Chine
Analyse de Credendo : « La Chine reste une région intéressante, mais attention au ralentissement économique structurel et aux risques croissants. »
Du 17 au 22 décembre, une mission commerciale belge de plus de 630 participants se rendra en Chine, ce qui fait de cette mission dirigée par Son Altesse Royale la Princesse Astrid la plus importante à ce jour. Les entreprises belges montrent un intérêt évident pour les possibilités que l’Asie, et plus particulièrement la Chine, peuvent offrir. « Cependant, une certaine prudence s’impose car la guerre commerciale avec les États-Unis tout comme la forte augmentation de la dette intérieure pèsent sur la croissance », estiment les experts de Credendo, l’agence belge de crédit à l’exportation, qui propose des solutions financières, des informations et des conseils aux entreprises exportatrices.
Comme à son habitude, Credendo a préparé une analyse sur la Chine, dans laquelle la situation politique et économique du pays, à court et à long terme, a été examinée de près. Les principales conclusions de cette étude sont les suivantes :
- La guerre commerciale et l’incertitude mondiale minent la confiance et la croissance du PIB réel.
- Les mesures fiscales incitatives, l’augmentation des prêts bancaires et la dépréciation de la monnaie (le yuan) ont permis de limiter les dommages économiques jusqu’à présent.
- La réduction de la dette demeure une priorité. La dette intérieure continuera d’augmenter fortement et limitera la croissance à long terme.
Des chiffres impressionnants
La Chine dispose du plus grand marché au monde, avec près de 1,4 milliard de consommateurs et une classe moyenne de plus de 400 millions, et l’extrême pauvreté y a pratiquement disparu. Par ailleurs, la Chine peut se prévaloir d’avoir enregistré une croissance moyenne de 10 % et d’avoir multiplié son PIB en USD par 37, entre 1980 et 2018. En outre, des finances publiques saines ont fait de la Chine un solide créancier international. Le pays est aussi le plus grand exportateur de biens et services. Tout cela fait de la Chine un pays vers lequel il est judicieux d’exporter, d’autant plus que le pays procède à un rééquilibrage de son économie en faveur des services et de la consommation intérieure.
La croissance passera-t-elle sous la barre des 6 % l’an prochain ?
Cependant, la Chine traverse depuis quelques années une période difficile, en raison du conflit commercial qui l’oppose au président américain Donald Trump. La décision des États-Unis d’augmenter les droits de douane sur toutes les importations chinoises a entraîné un net ralentissement économique. La croissance du PIB réel devrait passer de 6,6 % en 2018 à 6,2 % en 2019 et pourrait être inférieure à 6 % en 2020, à mesure que l’économie mondiale s’affaiblira davantage. Bien qu’un certain nombre de bonnes performances soient encore enregistrées, l’industrie chinoise, la consommation privée et les exportations souffrent toutes de la guerre commerciale et de la baisse de la demande mondiale. En conséquence, la confiance diminue également.
Jusqu’à présent, les retombées du ralentissement de la croissance ont été atténuées
Les autorités chinoises ont pris une série de mesures pour limiter l’incidence du ralentissement économique. Les banques ont octroyé davantage de prêts, les taux d'intérêt des prêts à court terme ont été diminués et le yuan s’est déprécié de 4 % par rapport au dollar. Parallèlement, le gouvernement a assoupli les règles relatives aux investissements étrangers dans les secteurs financier, bancaire et des assurances. Cela devrait mener à une augmentation des entrées de capitaux étrangers et permettre de financer un futur déficit de la balance courante de la Chine.
Aux yeux de Credendo, les risques augmentent
Le marché chinois offre des opportunités aux entreprises belges mais, aux yeux de Credendo, ceux qui veulent faire des affaires avec la Chine s’exposent à des risques croissants. La dette intérieure reste en effet élevée et préoccupante. L’endettement des sociétés non financières et des ménages augmente. La dette totale est désormais estimée à 300 % du PIB. Cela freinera inévitablement la croissance économique à moyen terme.
Pour relancer l’économie, le déficit budgétaire global des administrations publiques chinoises va également augmenter. Il a atteint en 2019 son niveau le plus élevé en 25 ans, à savoir 6,1 %. En outre, Pékin doit prendre des mesures pour relever les défis sociétaux, notamment le vieillissement rapide de la population et le changement climatique. Ces deux risques exigent également des réformes et des niveaux d’investissement de taille.
Enfin, il y a des tensions dans la périphérie chinoise. Hong Kong est le théâtre des manifestations les plus longues et les plus violentes qu’elle ait connues depuis sa rétrocession à la Chine par les Britanniques en 1997. Les tensions régionales avec Taiwan pourraient également conduire à des conflits l’année prochaine.
Nabil Jijakli, Group Deputy CEO Credendo : « Notre conclusion est que la Chine offre de nombreuses perspectives aux entreprises belges, tant en termes de partenariats locaux et d’investissements qu’en termes d’exportations. Mais nous ne devons pas être aveuglés par cet optimisme. Il y a un ralentissement de la croissance et les risques pourraient encore augmenter dans les années à venir, ce qui exige une certaine prudence dans la prise de décisions. Il est conseillé de souscrire une bonne assurance afin de limiter au maximum les risques. »
Différents facteurs expliquent que Credendo classe le risque politique à court terme de la Chine dans la catégorie 1 (sur une échelle de 1 à 7, 1 étant la catégorie la plus favorable) : un taux d’épargne très élevé, un compte courant légèrement excédentaire, une position extérieure nette largement positive avec des réserves de change stabilisées et importantes. Par ailleurs, Credendo maintient le risque politique à moyen et long termes dans la catégorie 2/7 en raison des actifs publics considérables et du faible endettement extérieur du pays.
Contact presse :
Nabil Jijakli
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